Ras le bol de la casse dans l'éducation...
Source : La République du Centre 11/02
Tour de chauffe le samedi 22/01 à Chartres...
puis à nouveau le 10/02...
Merci à Delignes et Jac.
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Luc Chatel, démolisseur de l'école républicaine
Pour L'Hérétique, Luc Chatel maquille l'assèchement du budget
de l'éducation par des propositions innovantes (primes aux chefs d'établissement, apprentissage de l'anglais dès le plus jeune âge...), mais qui servent surtout à masquer les réductions
d'effectifs et les coupes budgétaires.
Je voulais revenir une fois encore sur la manière de procéder de Luc Chatel (celui-là, je l'ai dans le pif). Elle est symptomatique du sarkozysme en action.
Chatel, je l'ai dit à plusieurs reprises, démolit consciencieusement notre école républicaine en l'étouffant par compression. Empêcher les collèges et lycées de fonctionner est une garantie d'organiser une fuite vers l'école privée, guère
mieux lotie, au demeurant. En France, l'école privée est quasi-publique, sauf quand elle est hors-contrat. Ah, le hors-contrat, le rêve américain de Chatel et Sarkozy...
Mais revenons à nos moutons. Question : pourquoi Luc Chatel vient-il d'annoncer que les chefs d'établissement méritants recevraient des primes ? Réponse : parce qu'il les a chargés d'organiser la
pénurie. En réalité, les chefs d'établissement ne sont nullement responsables de cette pénurie. Ils ne font que redistribuer, intelligemment ou non, les moyens dont ils disposent. En faisant son
annonce, Chatel est assuré de détourner l'ire des enseignants contre leurs principaux et proviseurs. Bien joué, Tullius Castelus Detritus (voir La Zizanie de Goscinny pour comprendre l'allusion) !
Ah, Chatel et les calculs. Tiens, c'est une section académique du SNES, un
syndicat enseignant, qui illustre assez bien les connaissances mathématiques de Chatel : il ne connaît que la soustraction. Chez eux, par exemple, cela donne :
Rentrée Versailles 2011 : le théorème de Chatel => Élèves plus 1159 =
Emplois moins 493
Ça, c'est du calcul mental, hein, mon Luc ? Tiens, un nonos, allez, allez, attrape, mon bon toutou à son Nicolas !
Méthode sarkozyste en action : on dresse les citoyens les uns contre les
autres. Ça marche à tous les coups, ou presque. Roms, juges, étrangers, chefs d'établissement, on trouve toujours un coupable en sarkozie. C'est cette manière de faire
insupportable que n'a cessé de dénoncer, en vain, Bayrou pendant toute la campagne présidentielle de 2007. C'est là le danger qu'il avait perçu pour la France. Un Président devrait être un pont
entre les hommes, Sarkozy est une frontière barbelée. Et ses sbires aussi.
L'école ne semble guère faire recette dans l'opposition. Le Front National s'en moque comme de la dernière guigne, et à vrai dire, lisez son programme
(le FN juge l'école dépensière, ce qui en dit long sur l'attention qu'il
compte porter à l'éducation ; son programme annonce d'ailleurs clairement des réductions
d'effectifs !), en fait, ce qu'il pourrait reprocher à Sarkozy, ce n'est de ne pas aller encore plus loin dans la casse de l'Éducation Nationale. Au PS, on demeure sans voix. Seul
le MoDem a réagi par la voix de son porte-parole, Yann Wehrling, qui a parfaitement senti
l'entourloupe :
Ce ministre est très inventif. Il nous annonce des mesures
qui peuvent être intéressantes, comme l'apprentissage de l'anglais dès le plus jeune âge ou celles visant à la cohérence des matières scientifiques... Mais il y a aussi le contexte dans lequel
s'inscrivent ces mesures, celui de la réduction des postes. Il y aura quand même, à la rentrée 2011, près de 8.967 postes en moins.
Nous soupçonnons M. Chatel de créer un écran de fumée pour cacher cette réalité de coupes
budgétaires qui aboutira immanquablement à un recul de l'école en France. Moins
d'enseignants, c'est une plus mauvaise Éducation nationale, alors que l'on
constate un recul de la maîtrise du français lui-même. Nous ne voulons pas être dupes de ces annonces qui enrobent et dissimulent cette logique de coupes budgétaires qui remplace toute réflexion
sur l'Éducation nationale.
Ouf. Merci, Yann. Y'a quand même quelqu'un qui l'ouvre, dans le silence assourdissant de la classe politique quand l'actualité évoque nos collèges et nos lycées. Que deviendrons nos enfants ?
Lire d'autres articles de L'Hérétique sur son blog.
Mercredi 2 Février 2011
L'Hérétique - Blogueur associé
Source :
http://www.marianne2.fr
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Source : 20 minutes du 01/02
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Source : Marianne du 5 au 11/02
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L'employabilité ne doit pas être le seul but de l'Education
Dans cette tribune, Francis Daspe dénonce l'approche éducative
par l'évaluation de compétences, approche qui réduit l'école à un outil utilitariste de préparation d'une main d'oeuvre flexible et formatée aux besoins du marché. Au mépris de la mission de
l'Ecole de la République, qui doit « contrecarrer les destinées sociales ».
L’approche par compétences ne cesse de gagner du terrain aux différents niveaux du système éducatif français. C’est ainsi que l’évaluation tend de plus en plus à s’effectuer à l’aide de grilles
et autres référentiels. Cette méthode est utilisée dans les écoles élémentaires depuis quelques années. Elle est en train de se mettre en place en collège où un livret de compétences est censé
accompagner les collégiens, notamment en vue de l’obtention du diplôme national du brevet. L’opération est souvent présentée comme un moyen de rationaliser les pratiques pédagogiques et
d’améliorer les performances du système éducatif. Mais la réalité est bien différente : ses incidences ne sont absolument pas neutres.
La première critique s’exprimant à l’encontre des compétences a trait à leur caractère binaire. Le cerveau humain est-il réductible à une série d’opérations élémentaires ? Peut-on subdiviser ses
activités dans des cases pour évaluer les performances d’une façon scientifique et objective ? La segmentation des savoirs ne constitue pas un gage d’efficacité et de pertinence pédagogiques. La
voie est ouverte à une évaluation au final très standardisée singulièrement dépourvue de nuances.
Les compétences sanctionnent en outre une vision minimaliste et utilitariste des savoirs transmis. Elles sont intimement liées avec la définition d’un socle commun à la fin du collège qui fait
débat en raison de la déconnexion accrue avec les savoirs disciplinaires. Une compétence est un savoir, si minime soit-il et quelle qu’en soit la nature, susceptible de répondre aux besoins du
marché : dans cette logique les connaissances désintéressées ne possédant aucune valeur immédiatement marchande ne sont plus reconnues à leur juste valeur. Pourtant celles-ci sont souvent les
plus formatrices. Sans compter le temps qui sera consacré à ces modalités d’évaluation au détriment de la transmission de connaissances… Au lycée, cette méthode d’évaluation ouvrira la porte à
une nouvelle tentative d’introduction du contrôle continu au baccalauréat.
La mise en place des livrets de compétence représente par ailleurs une référence à peine voilée aux livrets ouvriers que le mouvement syndical avait réussi à faire abolir. Par ce prisme les
implications sociales de la pédagogie par compétences apparaissent de manière extrêmement éclairante pour mieux renseigner sur les finalités poursuivies. Elles s’inscrivent résolument dans un
projet d’assujettissement : elles sont la transposition dans le champ de l’éducation du discours de l’entreprise.
Le système éducatif tend de la sorte à se caler en fonction du seul critère de l’employabilité.
L’objectif recherché est bien de préparer une main d’œuvre flexible et
obéissante pour les besoins en travailleurs peu qualifiés des entreprises. Nous assistons désormais, non plus à une élévation générale du niveau de qualification, mais à sa dualisation avec
corrélativement une augmentation du nombre des emplois hautement qualifiés et une croissance significative des postes de travail faiblement qualifiés. Le socle à la fin du collège, avec son
livret de compétences et son évaluation par compétences, symbolise cette école à deux vitesses en retranscrivant cette dualisation nommée par les instances européennes « polarisation dans la demande de compétences » : pour la masse un malheureux passeport pour la
survie, pour une élite définie sur critères sociaux autant la possibilité que la nécessité d’aller largement au-delà pour satisfaire ses instincts de reproduction des dominations sociales.
L’honneur de l’Ecole de la République consiste au contraire à contrecarrer le sens des destinées sociales. L’analyse marxiste a bien montré comment le processus de division du travail dépossède
les travailleurs de leurs savoirs de métiers, les réduisant à des tâches aliénantes. La parcellisation et la segmentation des savoirs par l’approche par compétences trouvent leur corollaire sur
le marché du travail avec la division des tâches de production. Il s’agit alors de construire artificiellement des comportements fondés sur la recherche de l’efficacité professionnelle et de la
rentabilité économique.
Pour les militants d’un projet de transformation et d’émancipation sociales, il devient essentiel de récuser vigoureusement toutes ces pratiques pédagogiques tendant à instaurer un projet de
conformation sociale. L’approche par compétences en constitue un élément parmi d’autres. Un système scolaire basé sur une évaluation de ce type deviendrait totalement aliénant pour les élèves.
Cela conduirait à transformer en gageure l’objectif de les éduquer à la citoyenneté. Ceux-ci ne seraient plus considérés comme des citoyens à former, mais comme des forces productives
indifférenciées avec pour seul impératif de gérer au plus efficace et de canaliser au mieux le stock.
* Président de la Commission nationale Éducation du Parti de Gauche, Secrétaire général de l’AGAUREPS-Prométhée.
Dimanche 13 Février 2011
Francis Daspe - Tribune
Source :
http://www.marianne2.fr