Monsieur le Président,
En préambule à mon propos, je voudrais dire toute notre solidarité avec le peuple Japonais
blessé, meurtri, après le tremblement de terre et le Tsunami qui s’en est suivi semant la mort, la misère, la désolation. Cet évènement naturel d’une puissance extrême est maintenant suivi d’un
nouveau drame extrêmement inquiétant dû à de multiples explosions d’une centrale nucléaire.
Sur ce point, il faut savoir que dans ce pays en pointe du système Capitaliste et de la libéralisation, les centrales nucléaires sont privées. Et pour la société TEPCO, la multinationale qui
exploite cette centrale, la devise pourrait se résumer à : « le profit à tout prix ». Rappelons qu’en 2003, cette entreprise insistait sur la nécessité d’une « rationalisation de l’ensemble des
opérations, y compris la réduction des coûts de maintenance » pour « sécuriser » ses profits. Faire de la maintenance, donc de la sécurité des équipements, une variable d’ajustement ? TEPCO ne
s’en est pas privé par le passé. Dans un communiqué, la CGT énergie relève : « il semblerait que la compagnie ait attendu la dernière limite pour noyer le coeur du réacteur en pompant l’eau de
mer. En effet, si l’on noie le coeur d’une centrale, celle-ci devient inutilisable » On connaît la suite, bien sûr, la propriété publique n’est pas en soi une assurance tous risques dans ce
domaine.
Mais jusqu’à quelles effroyables dérives peut conduire la hantise du profit. Et les politiques menées en Europe et en France visant à démanteler les entreprises publiques de services publics dans
une logique ultralibérale pour mieux répondre aux attentes du Capital suivent ce chemin.
Ainsi, EDF a vu son statut modifié en 2004 passant d’EPIC (Etablissement Public Industriel et Commercial) en société anonyme. Autre coup extrêmement grave porté récemment par le vote du parlement
est la loi Nome sur l’organisation du marché de l’électricité, prévoyant la cession d’un quart de la production nucléaire historique d’EDF à ses concurrents durant quinze années.
Il est urgent d’arrêter ces dérives libérales et de revenir à des entreprises 100 % publiques avec les moyens adéquats et sous le contrôle des salariés, car tous les services publics Français
sont touchés : la Poste, la Santé, l’Education,… et bien sûr, la SNCF qui n’échappe pas à cette dérive ultralibérale, au contraire, de part ses choix politiques et stratégiques, elle s’y
engouffre avec l’appui du gouvernement. On voit le
résultat avec RFF, crée en début 1997 et qu’aucun texte n’imposait si ce n’est une séparation comptable.
Et on voit le résultat désastreux du réseau où là aussi, on fait de la maintenance et de la sécurité du réseau, une variable d’ajustement.
On voit le résultat de cette stratégie, avec les multiples disfonctionnements qui en découlent, source de la colère des usagers qui est aussi la nôtre. C’est d’ailleurs ce que nous disions dans
le conflit d’avril 2010 sur les moyens mais aussi sur l’organisation de l’entreprise.
D’ailleurs, ce CER est l’exemple même de ces dérives libérales où les représentants des activités vont succéder les uns après les autres pour expliquer les bienfaits de leur politique dans leur
pré carré, qu’avec moins, on peut faire plus, sans se soucier de ce que présentent les autres activités, complètement à l’opposé de ce que nous revendiquons pour renforcer le caractère intégré de
l’EPIC SNCF.
Nous, nous ne sommes pas dans une activité, dans un produit. Nous sommes cheminots dans une entreprise publique de service publique. On ne peut même pas avoir une discussion en présence de
l’ensemble des activités en même temps, trop occupé à mettre en oeuvre les orientations de la Direction Nationale dont on mesure des dégâts quotidiennement et pas que pour les usagers, mais aussi
pour les cheminots.
C’est le cas aussi pour le Fret avec le jugement déboutant la SNCF sur son recours contre le CCE et le CE FRET, un jugement sans équivoque, pointant clairement la responsabilité de la SNCF dans
les pertes de trafic. Ce jugement sonne comme un désaveu de la politique désastreuse de la SNCF et des pouvoirs publics en matière de transport des marchandises par le rail. Ce jugement devrait
faire réfléchir l’entreprise sur sa stratégie globale touchant toutes les activités, et qu’on veut nous vendre au travers du film à Pépy, en incitant les cheminots à s’y rendre.
D’ailleurs, nous voulons profiter de ce CER pour exprimer notre colère sur de multiples dérives qui se produisent dans les établissements, en lien avec les activités, sur le respect des textes
réglementaires et le respect des IRP. Et de plus en plus, le rôle transverse que doit jouer la direction régionale, et tout particulièrement les ressources humaines, est ce de plus en plus
contourné.
Toutes ces dérives sont lourdes de conséquences sur la sécurité des agents, leurs conditions de travail, de vie et de leur santé.
Et nous avons dû aussi, à plusieurs reprises, intervenir, soit directement auprès du DET soit au niveau régional auprès du directeur des ressources humaines, qui bien souvent n’est pas informé
des éléments que nous lui remontons. Notons qu’après ces interventions, plusieurs situations ont pu évoluer positivement, sachant tout de même qu’elles n’auraient jamais dû avoir lieu et cela
demande beaucoup d’énergie et de temps, mais n’est-ce pas un des objectifs afin de nous éloigner de l’essentiel…
Je voudrais clairement dire aux activités et aux directeurs d’Etablissements que ce ne sont pas eux qui vont faire leur propre règlement. Ça ne marche pas comme ça, et ça ne marchera pas comme
cela, et vous pouvez compter sur la CGT et ses militants pour qu’il en soit ainsi, et chaque bulletin CGT dans les urnes le 24 mars sera porteur de ces exigences.
Les exemples ne manquent pas dans les établissements, mais certains reviennent trop souvent, comme le Technicentre PRG. Là encore, il aura fallu intervenir pour que l’expertise sur les risques
psychosociaux puissent commencer sur le site de Masséna, la Direction faisant traîner sa mise en oeuvre malgré 2 jugements la déboutant, et surtout sur la situation de ce site. On peut toujours
menacer les agents. On a moins d’entrain à prendre en considération les véritables problèmes et les propositions que nous formulons. Récemment, c’est à Montrouge qu’on refuse une heure
d’information syndicale, pourtant déposée dans les respects des textes réglementaires. Et Montrouge, c’est le TNC PRG.
Ne vous inquiétez pas, on va la tenir.
Sur ISOF, là, on oblige les agents à aller voir le film à Pépy, et pour ceux qui refusent, ils ont droit à une demande d’explication. Il faut préciser qu’il faudra donner des cours de RH077 à
ceux qui les donnent, car les références précisées ne correspondent à rien. Mais ça, de toutes façons, ce n’est pas leur priorité.
Là aussi, il aura fallu l’intervention du DRH régional pour que ces demandes soient classées sans suites.
Pourtant, tous les établissements sont parfaitement au courant que ce show ne peut avoir un caractère obligatoire. Par contre, ce qui est obligatoire, c’est le respect des textes réglementaires.
Est-ce le territoire de production Infra qui a mis son grain de sel dans l’affaire ?
Il serait plus opportun de s’occuper de mettre les effectifs en adéquation avec la charge de travail et mieux répondre aux attentes et aux mécontentements justifiés des usagers.
Je ne vais pas passer tous les établissements en revue, mais il y en a un qui détient la palme d’or dans ce triste tableau, qui mérite qu’on s’y arrête un peu plus longtemps.
C’est l’ECT de PRG. Là, c’est le Far- west, ou plutôt le royaume, peut-être de Patagonie et le fait du « Prince ».
Les délits d’entrave s’enchaînent sur cette établissement où on a que faire des IRP, des textes réglementaires, du code du travail, où on a que faire tout simplement des cheminots qui devraient
se soumettre au dictat de la Direction. Et il nous semble que la Direction Régionale des ressources humaines soit peu écoutée pour qu’il en soit autrement. Mais comment pourrait-il en être
autrement quand on soutient et valorise un DET, qui, dans ses écrits, prend comme référence Brasillach, collabo du régime de
Vichy et admirateur du 3ème Reich, fusillé en 1945, ou encore qui est admirateur et fervent défenseur de l’écrivain Jean Raspail. Mais nous aurons l’occasion d’en reparler plus tard.
Ce qui se passe aujourd’hui nous confirme que nous avons raison de nous opposer à la destruction des ECT de PAZ et PMP pour créer un nouvel ECT PRG.
Le CHSCT, (à l’unanimité de ses membres) était fondé à demander une expertise pour les aider à mesurer l’impact de cette réorganisation. D’ailleurs, à ce jour, cette expertise n’a toujours pas
été dénoncée par la direction ce qui est un délit d’entrave, partagé par l’inspectrice du travail.
En effet, la direction de l’ECT et son DUO GCIDF de Paris Austerlitz, n’ont pas attendu longtemps pour lancer à la hussarde une importante réorganisation modifiant en profondeur l’organisation du
travail et qui impactera les conditions de santé, de sécurité et les conditions de travail et de vie des ASCT. Ce qui a conduit tous les membres du CHSCT, dans une démarche unitaire, à demander
un CHSCT de consultation dans une déclaration le 16 février 2011. D’ailleurs, depuis, une demande de CHSCT extraordinaire a été faite dans le respect du Code du Travail. Notons que ce CHSCT
extraordinaire aurait dû se tenir aujourd’hui 17 mars.
Mais là encore, fin de non recevoir de la Direction et du président du CHSCT, ce qui constitue un nouveau délit d’entrave. Pire, ce président de CHSCT se permet quelques fantaisies, interprétant
à sa guise les déclarations et propos des représentants CHSCT, quand ce n’est pas tout simplement le mensonge qui est utilisé. Ce qui a d’ailleurs valu un courrier de 2 membres du CHSCT au
président, le 3 mars. Allez-vous laisser cette direction et ce président de CHSCT continuer à « s’asseoir sur le code du
Travail ».
D’autant que d’autres problèmes graves perdurent sur cette zone. Ainsi, un rapport préventif a été déposé le 1er mars, suites à de graves tentatives d’agression le 21 février. Rapport déposé par
le fait aussi que 10 jours après les évènements, les 2 membres de CHSCT chargés de l’enquête n’avaient toujours pas obtenu les éléments demandés, ce qui ressemble à de l’entrave sur le bon
déroulement de l’enquête.
Depuis ce rapport préventif, aucune menace sérieuse n’a été prise. D’ailleurs, un courrier du DET, daté du 03 mars, demande que les programmations reprennent sur ce secteur sensible.
Ainsi, plusieurs droits d’alerte ont été déposés par les membres d’une autre OS le 15 mars 2011, et la veille, (le 14 mars 2011) un nouveau courrier a été adressé au président du CHSCT par 2 de
nos membres dont je vous lis le contenu.
« Vous n'êtes pas sans savoir que depuis le 22 février vers 13h15 nous procédons, dans le cadre de nos missions et conformément à l'article L.4612-5 du Code du Travail, à une enquête.
Celle-ci fait suite à la tentative d'agression par lapidation dont plusieurs collègues ASCT de Paris Austerlitz ont été victimes le 21 février vers 17h30 en gare d'Épinay sur Seine.
Certains documents que nous demandons au Délégué Local Sûreté depuis le 22 février 2011 (Fiches de la base CEZAR, Compte Rendus des réunions sur la portion de ligne de porte de CLICHY à
ERMONTEAUBONNE, plan prévention sûreté) ne nous sont toujours pas parvenus.
Ce délai (20 jours déjà) nous semble anormalement long, aussi nous réitérons notre demande de nous fournir ces documents, et ce le plus rapidement possible.
Malgré cela, comme nous vous l'avons déjà signalé dans notre courrier du 24 février 2011, il nous apparaît que toute tentative de contrôle statique en ce lieu ainsi qu’à bord trains dans la zone
est dangereux et expose les agents à des risques d'agression.
Aussi, nous vous demandons, en votre Qualité d'employeur responsable de l'intégrité physique et mentale des agents dont vous avez la charge, de ne plus procéder au contrôle de cette zone, dans
l'attente des résultats de notre enquête.
En effet, l'absence des documents susmentionnés ne nous permet pas de vous fournir, à l'instant, les résultats complets ainsi que des préconisations détaillés issues de notre investigation. »
fin de citation
Vous comprenez que la situation devienne intenable sur cet établissement, situation d’ailleurs dénoncée de façon unitaire.
A cela, il faut ajouter les méthodes et pratiques du dirigeant de cette UO faites de pressions et menaces directes sur les agents de tous grades d’ailleurs. Des pratiques intolérables bien
éloignées de ce que l’on peut attendre des relations sociales dans une grande entreprise publique de service public. Ces méthodes n’ont rien à envier aux pratiques de ces «patrons voyous » que
nous combattons dans de trop nombreuses entreprises, particulièrement du privé.
Tout est bon pour mettre la pression et faire taire la révolte qui grandit, jusqu’à l’organisation de rencontres festives et sous contrôle sur une péniche ou au restaurant la Coupole. Pas de
problème de budget.
Je ne suis pas sûr que les usagers et les élus politiques d’Ile de France apprécient beaucoup ce genre de management.
Sachez que nous n’allons pas laisser perdurer ces pratiques inacceptables, extrêmement dangereuses pour la sécurité et la santé des agents, et que dans une démarche unitaire, comme nous y sommes
engagés depuis de nombreux mois, nous créerons les conditions d’un rapport de force pour qu’il en soit ainsi.
Nous créerons aussi les conditions pour que ces dirigeants quittent cet Etablissement où ils n’ont absolument pas leur place et avant que le pire n’arrive !
Dans ce cadre, en solidarité avec nos camarades d’Austerlitz, et afin que ce message soit entendu et pris en compte par vous, Mr le Président, par vous, Mr le Directeur des ressources humaines,
par les activités et qu’il sorte de ces murs, qu’on mesure bien notre niveau de mécontentement et notre détermination, la délégation CGT quittera ce CER à l’issue des différentes déclarations.
Merci.