Source : http://college-camus28.over-blog.fr/
L'APIC remercie vivement les parents qui se sont mobilisés et ont permis l'élection de 4 de ses membres au Conseil d'Administration du collège.
6 sièges à pourvoir,
Votes exprimés : 177
Votes nuls : 4
Votes blancs : 3
FCPE : 57
APIC : 113
C'est avec conviction et enthousiasme que l'APIC vous représentera tout au long de l'année scolaire et agira dans l'intérêts de TOUS LES COLLEGIENS du collège Albert Camus de Dreux...
Source : Le Point et AFP, 13/10/11
La CGT réclame davantage d'investissements pour supprimer les passages à niveau les plus dangereux.
Plusieurs syndicats de la SNCF ont critiqué jeudi Réseau ferré de France (RFF), au lendemain de la collision entre un camion et un train près de Rennes, réclamant davantage d'investissements pour supprimer des passages à niveau.
Un train TER a percuté mercredi un camion sur un passage à niveau à Saint-Médard-sur-Ille (Ile-et-Vilaine), faisant 2 morts, 6 blessés graves et 39 blessés légers. Le chauffeur du camion a été placé en garde à vue. "Pour éviter les accidents, il faut supprimer le risque et en priorité les passages à niveau les plus dangereux", estime la CGT. "Le coeur du problème est bien celui de l'organisation du système ferroviaire depuis la création de RFF", poursuit le communiqué.
La CGT estime que RFF "n'a pour objectif que de percevoir le plus de péages possible de la SNCF tout en réduisant au maximum les investissements pour rénover le réseau".
La Fgaac-CFDT demande, elle, "une décision politique permettant l'accélération des investissements nécessaires pour sécuriser les passages à niveau, soit au travers de suppressions en créant un pont ou un souterrain, soit en améliorant ses abords".
Pour Sud-Rail, la direction de RFF, "propriétaire et gestionnaire du réseau, va devoir rendre des comptes". "Bien sûr, lorsqu'un drame se produit, on parle d'accident à la SNCF et pas d'accident à RFF", relève ce syndicat.
Il note : "L'évolution du rythme de suppressions des passages à niveau marque un recul considérable depuis que RFF en a la charge. De 1986 à 1997, la SNCF a supprimé en moyenne 359 passages par an, de 1998 à 2009, RFF en a supprimé en moyenne 89 par an, soit quatre fois moins."
L'entreprise publique RFF a été créée en 1997 dans le but de décharger la SNCF d'une grosse partie de sa dette et de confier la gestion des voies ferrées à une structure indépendante dans la perspective de l'ouverture à la concurrence du trafic ferroviaire.
Toutefois, les rapports entre les deux entreprises sont difficiles, notamment en raison de l'augmentation des péages que la SNCF paye à RFF, qui déplore un manque de ressources pour entretenir plus de 30 000 km de voies.
Source : LeParisien.fr et l'AFP, 12/10/2011
L'Assemblée nationale a voté mercredi une proposition du PS, soutenue par le gouvernement, visant à interdire le bisphénol A (BPA) dans les contenants alimentaires à compter de 2014. Lors des débats, le ministre du Travail Xavier Bertrand avait introduit un amendement fixant à 2013 l'interdiction pour les produits destinés aux enfants de moins de 3 ans.
Source : Le Parisien et AFP, 13/10/11, Bertrand Métayer.
La publication de la nouvelle directive fait déjà l'effet d'une bombe. Le ministère de l'Education nationale va mettre en place à partir de novembre une évaluation des enfants de grande section de maternelle en fonction de leurs comportement et capacité d'apprentissage. Le document est présenté comme « un outil de repérage des élèves présentant des risques pour les apprentissages ».
L'évaluation se déroule en trois phases.
La première, dite de «repérage» se situe entre novembre et décembre et se concentre sur «le comportement à l'école, le langage, la motricité et la conscience phonologique» des élèves. Suivant les résultats, les écoliers sont classés en trois catégories : RAS (rien à signaler), risque et haut risque.
La deuxième phase consiste à une aide spécifique pour les enfants considérés comme à risque.
La dernière, proposée entre mai et juin, permet de faire le point lors de séries d'épreuves collectives et
individuelles.
Les compétences évaluées concernent la compréhension de consignes, la maîtrise du vocabulaire, la qualité de la production
orale, la connaissance des nombres ou encore la capacité à respecter les règles de vie commune.
«C'est un outil supplémentaire à la disposition des enseignants de grande section de maternelle. Il ne sera pas obligatoire,
indique Jean-Michel Blanquer, directeur général de l'enseignement scolaire (Dgesco). C'est un progrès tranquille. Tous les professionnels savent que la démarche est pertinente. La première des
inégalités, c'est l'inégalité devant le vocabulaire. Il faut donc prendre des mesures assez volontaristes ».
Les syndicats et associations de parents d'élèves hostiles à l'évaluation
Le projet provoque de vives réactions chez les syndicats d'enseignants et les parents d'élèves. Nous appelons le ministre à
revenir à la raison. La maternelle n'est pas un lieu de compétition, de tri et de sélection, s'agace Sébastien Sihr, du SNUipp-FSU, principal syndicat du primaire. On marche sur la tête avec une
évaluationnite qui prend de plus en plus de temps au détriment des apprentissages ».
Le Sgen-CFDT, parle lui d'un projet «absurde, contre-productif, et pour tout dire un peu effrayant ».
La FCPE, première fédération de parents d'élèves, regrette qu'«on colle une étiquette extrêmement anxiogène sur des enfants».
Source : Rue 89, 06/10/11
Nicolas Sarkozy ignorait-il les activités parallèles de Thierry Gaubert, mouillé dans l'affaire Karachi et dans un scandale immobilier ? Dès les années 80, son ami avait déjà pris des libertés avec la loi. Et avec des fonds destinés à la formation professionnelle.
Thierry Gaubert était sarkozyste bien avant que le mot n'existe. Le futur président n'était alors que simple conseiller municipal de Neuilly. « Il y avait Nicolas, Brice [Hortefeux, ndlr], on était juste une bande de copains, on partait en vacances ensemble », se souvient un témoin de l'époque.
Thierry Gaubert aurait-il aussi anticipé la droite « bling bling » ? Il aime les mondanités. A l'époque, il a déjà été marié à la fille de Lucien Barrière, le propriétaire de casinos et d'hôtels de luxe. Et il se remariera plus tard avec Hélène de Yougoslavie. C'est « Nicolas » qui présidera la cérémonie.
Car, en 1983, « Nicolas » est devenu maire de Neuilly. Il a 28 ans. Thierry Gaubert, 31. Son parcours va désormais suivre celui de son ami. Dans l'ombre, car selon la mairie de Neuilly, son nom n'a jamais figuré dans l'organigramme officiel. Ses activités publiques ?
secrétaire général de Neuilly Communication, une association organisant des rencontres avec les dirigeants des médias... et permettant à « Nicolas » d'entretenir ses liens avec eux ;
patron de Neuilly Journal Indépendant, une publication sans lien officiel avec la mairie... mais qui ouvre largement ses pages au maire ;
chef de cabinet adjoint de Nicolas Sarkozy à Bercy en 1994, lorsque celui-ci devient à la fois ministre du Budget et de la Communication, Brice Hortefeux ayant, lui, le titre de chef de cabinet.
Thierry Gaubert a déjà d'autres activités, plus discrètes. Selon les registres du tribunal de commerce de Paris, il a créé en 1980 une SARL, Promo Conseil International. D'après ses statuts, elle sera active dans le consulting, l'import-export ou encore l'immobilier.
La petite société s'intéresse aussi à la formation professionnelle. Le secteur est alors en plein développement... et peu contrôlé. Une fonctionnaire du ministère du Travail se souvient :
« Nos moyens étaient très limités. En général, on devait tirer au sort les entreprises à contrôler. Parfois, il nous arrivait ensuite de faire des contrôles “à tiroirs”, en remontant vers les partenaires. »
Pas de chance : en mars 1986, deux fonctionnaires viennent contrôler les comptes de Promo Conseil International. Ils découvrent que la société a surfacturé ses prestations, et que les fonds qui lui ont été versés n'ont peut-être pas servi qu'à former des salariés ou des apprentis.
Entre 1983 et 1985, Promo Conseil International a ainsi vendu des formations à des entreprises avec des marges de 68%, 72%, 92% et même 149%. Des performances exceptionnelles et qu'elle ne réussit pas à expliquer. Les inspecteurs concluent à « une surtarification des dépenses » facturées aux clients. Montant : 968 431 francs (147 636 euros).
En juillet 1987, une décision du préfet d'Ile-de-France oblige Promo Conseil International à rembourser les entreprises concernées. Mais aussi, comme le prévoit la loi, à verser une somme équivalente au Trésor public.
La société a également conclu des conventions avec des entreprises. Celles-ci lui ont avancé des fonds pour financer des formations, les conventions devant préciser exactement les prestations fournies - et leur coût réel. Or, les fonctionnaires ont des surprises en examinant les comptes :
Ce que le jugement ne précise pas, ce sont l'identité des clients et l'utilisation faite des sommes récoltées par Promo Conseil International. Les questions que nous avons adressées à Thierry Gaubert, par l'intermédiaire de son avocat, sont restées sans réponse. Nous avons donc contacté les deux autres actionnaires de la société.
Ce ne sont pas des inconnus. Le premier, Patrick Gaubert, le frère de Thierry, deviendra conseiller de Charles Pasqua à l'Intérieur, président de la Licra, député européen puis président du Haut conseil à l'intégration. « Je n'en ai aucun souvenir, j'ai dû accepter d'être actionnaire un jour pour lui rendre service », explique-t-il.
Le troisième actionnaire, Philippe Smadja, est resté silencieux. Ce promoteur immobilier a monté plusieurs autres sociétés avec Thierry Gaubert. Mais aussi des structures collectant le « 1% logement » des entreprises, destiné à financer des HLM.
Les deux hommes sont justement soupçonnés d'avoir, dans les années 90, collecté 25 millions d'euros de manière irrégulière. Et d'avoir détourné une partie de ces fonds destinés au logement social. Leur procès s'est ouvert le 14 mars... et a été ajourné le lendemain, la défense ayant déposé plusieurs questions prioritaires de constitutionnalité.
Pour Thierry Gaubert, le répit a été de courte durée. En septembre, il a été mis en examen dans le volet financier de l'affaire Karachi. Il est suspecté d'avoir porté des valises de billets pour la campagne d'Edouard Balladur en 1995, les fameux fonds qui auraient été récoltés par l'intermédiaire de Ziad Takieddine.
« Nicolas » a pris ses distances avec Thierry Gaubert lorsque le scandale du « 1% logement » a éclaté. « Brice », lui, est plus fidèle : comme l'ont révélé les écoutes, il n'a pas hésité à alerter son ami que sa femme « balançait » beaucoup d'informations aux enquêteurs. Ca, au moins, c'est un bon copain...
NDLR : voici un excellent article de "Rue 89".
Source : Rue 89, http://www.rue89.com/2011/10/08/rien-compris-laffaire-karachi-reprend-zero-225351
Hortefeux, Balladur, Copé, Bazire, Gaubert, Sarkozy... leurs noms sont associés à l'attentat de Karachi. Que leur reproche-t-on ? Que risquent-ils ? Explicateur.
Le 8 mai 2002, vers 8 heures, les employés français de la Direction des constructions navales (DCNS) en poste à Karachi, où ils participent à la conception de sous-marins Agosta vendus par la France au Pakistan, partent à leur travail.
Comme chaque matin, un bus de la marine pakistanaise est passé les prendre dans leurs hôtels respectifs. Alors que la porte se referme sur les passagers montés au Sheraton, un kamikaze fonce sur l'autocar au volant de sa Toyota rouge.
L'explosion est « si violente qu'une phalange est retrouvée à près de 70 mètres de là », écrit L'Express à l'époque. Quatorze personnes, dont onze Français, sont tuées, douze blessées.
Le jour-même à Paris, le gouvernement Raffarin prend ses fonctions. Les autorités françaises et pakistanaises annoncent dans la foulée soupçonner Al-Qaeda d'être responsable de l'attentat. Personne ne revendique la tuerie.
Trois jours après l'attentat, le patron du parquet antiterroriste de Paris est à Karachi. Une instruction est ensuite ouverte par les juges Bruguière et Ricard, qui suivent la piste d'Al-Qaeda.
En 2008, les juges Trévidic et Jannier leur succèdent. En juin 2009, l'un d'eux déclare aux familles des victimes que la piste d'un imbroglio politique autour du contrat de vente des sous-marins est « cruellement logique ».
Le 17 octobre, de nouveaux éléments confortent cette hypothèse d'un différend autour du versement de commissions occultes entre la France et le Pakistan, tout en enterrant la piste islamiste.
La tuerie trouverait en fait son origine dans la signature, le 21 septembre 1994, du contrat de vente des sous-marins par le gouvernement Balladur. Des rétrocommissions auraient servi au financement de la campagne présidentielle de l'ex-Premier ministre.
En décembre de la même année, des familles de victimes déposent plainte pour « corruption » contre l'association de campagne d'Edouard Balladur ; puis le parquet ouvre une enquête préliminaire visant d'éventuels « abus de biens sociaux ».
Finalement, en septembre 2010, une instruction est confiée aux juges Van Ruymbeke et Le Loire. C'est le « volet financier » de l'affaire Karachi. Celui qui dérange le pouvoir.
Au centre de ce volet financier, on trouve l'homme d'affaires franco-libanais Ziad Takieddine, soupçonné d'avoir facilité la signature du contrat de 1994, ce qu'il nie. Les juges l'ont mis en examen le 14 septembre 2011 pour « complicité et recel d'abus de biens sociaux ».
Takieddine, qui aurait touché pour ses services d'intermédiaire 33 millions d'euros (avec un autre intermédiaire libanais, Abdul Rahman el Assir), en aurait reversé une partie sous forme de rétrocommissions destinées à du financement politique occulte.
La semaine suivante, deux autres personnes sont aussi mises en examen : Thierry Gaubert pour « recel d'abus de biens sociaux » et Nicolas Bazire pour « complicité d'abus de biens sociaux ».
C'est ici que l'affaire devient inquiétante pour Nicolas Sarkozy, car ces hommes sont très proches de lui, surtout le second.
Seules ces trois personnes sont aujourd'hui mises en examen. Mais à travers Takieddine, d'autres hommes politiques de droite sont cités.
Mais c'est le financement de sa campagne qui serait, indirectement, à l'origine de l'attentat. Il a toujours affirmé que tous les fonds utilisés étaient légaux. A l'époque, le Conseil constitutionnel avait validé ses comptes. Mais l'instruction Karachi a montré fin 2010 qu'ils avaient été sous-évalués de plus de 13 millions de francs ;
L'Elysée affirme aujourd'hui – non sans inexactitudes – qu'il n'avait pas connaissance du financement de la campagne. Or, outre qu'il en était l'un des principaux conseillers politiques, il a aussi donné son accord à la création de deux sociétés off-shore au Luxembourg, Heine et Eurolux, par lesquelles une partie de l'argent de la commission de Takieddine a transité.
Après son audition par le juge Van Ruymbeke le 5 octobre, Takieddine a mis en cause Villepin, l'accusant d'être à l'origine de toute cette affaire, dans laquelle il voit un « complot » comparable à celui de Clearstream.
Si l'affaire Karachi est née des investigations lancées après l'attentat meurtrier survenu au Pakistan en 2002, les juges soupçonnent que la campagne de Balladur a aussi pu être financée par des rétrocommissions provenant d'un autre contrat d'armement, conclu à la même époque : la vente de trois frégates à l'Arabie saoudite. Ce contrat, baptisé Sawari 2, s'élevait à près de 3 milliards d'euros (2 896 millions exactement) alors que celui des sous-marins vendus au Pakistan, nommé Agosta, se montait à 825 millions d'euros.
En Arabie aussi, d'après l'instruction, le versement des commissions a cessé. Avec une différence de taille : Jacques Chirac a validé ce changement auprès des autorités du royaume dès 1996. Takieddine, qui nie tout rôle dans Agosta, reconnaît avoir travaillé sur Sawari 2, contrat pour lequel il aurait touché 130 millions de dollars.
Ziad Takieddine a aussi explicitement impliqué Claude Guéant, actuel ministre de l'Intérieur et ex-secrétaire général de l'Elysée de Sarkozy, dans un entretien à Libération début octobre. Cette fois, il fait allusion à un troisième contrat négocié dès les années 90, même s'il n'a pas abouti à cette époque : le contrat Miksa, portant sur la sécurisation des frontières de l'Arabie saoudite.
Surnommé « le contrat du siècle » en raison de son montant (7 milliards d'euros), Miksa sera finalement remporté en partie par EADS en 2009. Notamment grâce à Claude Guéant, qui l'a négocié au nom de Nicolas Sarkozy depuis 2002.
Takieddine :
« Quand je parle des relations avec l'Arabie saoudite, si je n'avais pas eu l'accord de monsieur Guéant d'intervenir sur le contrat Miksa, je n'aurais rien fait. Chacune de mes interventions correspondait à une mission officielle. »
En 2003, à un stade de la négociation Miksa, Takieddine devait toucher la bagatelle de 350 millions d'euros. On peut donc imaginer que ce contrat, objet d'une intense bataille entre chiraquiens et balladuro-sarkozystes, a aussi pu donner lieu à des rétrocommissions.
Le richissime homme d'affaires franco-libanais n'a en tous cas jamais payé d'impôts en France, alors qu'il y possède un patrimoine important ; et c'est là une des autres polémiques de cette affaire à tiroirs.
Un autre volet, sans doute plus anecdotique au regard des 14 morts de Karachi, concerne Jean-François Copé : chiraquien en 1995, il n'est soupçonné d'aucun rôle dans le financement de la campagne de Balladur. Mais ses liens avec Takieddine posent problème.
Comme d'autres (Hortefeux, Gaubert, l'ex-conseiller de Sarkozy Pierre Charon ou l'ami du Président et propriétaire du Fouquet's Dominique Desseigne), Copé a bénéficié des largesses de Takieddine.
Seul l'actuel patron de l'UMP a été contraint de reconnaître s'être fait offrir des vacances par l'homme d'affaires. Avec des contreparties ?
Enfin, autre affaire dans l'affaire, celle des coups de fil de Brice Hortefeux à Thierry Gaubert, qu'il avertissait que sa femme « balançait » alors que son audition par Van Ruymbeke n'avait pas encore été rendue publique. Avant de l'appeler, à nouveau, pendant qu'il était en garde à vue.
L'ancien ministre a-t-il bénéficié d'informations indues en marge de la procédure ? Fin septembre, une enquête pour « violation du secret professionnel » a été ouverte.
Jean-François Copé dans la piscine de la villa de Ziad Takieddine au cap d'Antibes, en août 2003 (Mediapart)
Source : Rue 89, 09/10/11, Marco Diani, sociologue au CNRS
Pourquoi tant de suicides au travail en France ? La dramatique actualité récente souligne la terrifiante « anomalie » française : les suicides au travail et les suicides dans les prisons. Et depuis tant d'années, pourquoi si peu d'initiatives efficaces, malgré l'émotion, les enquêtes et les rapports parlementaires ? Enfin, pourquoi une telle surdité de la part des pouvoirs publics et des managers ?
Cette anomalie met à nu les failles d'une culture managériale qui ignore presque tout de la gestion des humains en situation de crise extrême.
Le suicide « au travail » bouleverse et indigne, la mort volontaire des enfermés, en revanche, suscite silence et désintérêt.
Et pourtant : au travail ou en prison, les différences sont moins grandes que ce l'on pourrait penser et les causes sont les mêmes.
Non seulement le milieu carcéral français génère sept à huit fois plus de suicides que dans l'ensemble de la population mais, à comparaison pondérée par populations et densités carcérales, il y en a quatre à cinq fois plus en France qu'en en Italie, aux Etats-Unis ou en Espagne.
Les suicides au travail ?
La société civile, les médias sont bouleversés par ces morts désespérés qui font l'effet d'un électrochoc. On cite les tragédies des familles, on pointe du doigt les pressions des « chefs », le malaise et le stress... mais les causes profondes restent inexplorées.
France Telecom devient Orange, Renault fusionne avec Nissan. L'entreprise d'Etat, avec ses personnels « garantis », dans un environnement peu concurrentiel plonge dans la mondialisation accélérée, sans aucun ménagement des individus et des groupes qui formaient auparavant la communauté de travail, son principal amortisseur de crise.
On passe ainsi d'une quasi-absence de pression sur les performances et une cogestion humaine traditionnellement organisée avec les syndicats à un univers déshumanisé et impitoyable.
Dans ce contexte de destruction des solidarités, où chacun est en concurrence avec tout son environnement, les suicides représentent les coûts humains de la concurrence généralisée, individuelle et mondialisée à la fois. Et le management montre toutes ses limites et son absence de réactivité.
Voilà ce qui est grave et révélateur du déni de responsabilité des « managers » tant dans le « privé » que dans la sphère publique : entreprises et administrations s'en remettent au « symptôme » et au traitement individuel.
On présente les suicides comme une série noire : on parle de « contagion » pour les prisons ou de « mode », selon la macabre expression du PDG de France Telecom.
Et France Telecom de procéder à un audit : 100 000 salariés vont recevoir un questionnaire, on va leur envoyer des psychiatres, et un cabinet privé est chargé de mener une énième « mission d'évaluation des risques », et les promesses d'un avenir radieux pleuvent de partout.
Bizarre : au CNRS, à l'Inserm, dans les universités il y a des chercheurs de renommée mondiale, mais les administrations publiques ou les grandes entreprises se gardent bien de faire appel à ces compétences.
Plus inquiétant encore : parmi les grands projets de recherche que la ministre Valérie Pécresse souhaite voir financés par le « grand emprunt », n'en figure aucun sur les transformations du travail, le stress et conséquences perverses de la « modernité » sur les individus, les groupes et les organisations. Pour ne pas parler de la mort en prison, qui n'intéresse vraiment personne.
Les causes sont profondes, mais la France est le seul grand pays avancé ne disposant d'aucun programme sérieux de recherche sur les suicides, ou sur le travail, le stress et la souffrance au travail. Et personne pour étudier la profonde défaillance d'un management capable d'une si mauvaise gestion de crise du « facteur humain ».
Par les exemples des prisons et du travail, nous sommes dramatiquement confrontés aux retards de la gestion stratégique en France, en un mot du style de management à la française.
En comparant les cultures managériales, force est de constater que l'on trouve probablement en France l'une des plus dures au monde, et de loin la plus sourde à la souffrance. Managers inhumains, manquant de professionnalisme, mais imbus d'eux-mêmes, et souvent si profondément incompétents. Mais, en revanche, tout puissants et toujours inattaquable.
Les suicides pointent la défaillance structurelle du management à la française, à savoir l'absence de véritable dialogue démocratique, et surtout de ce j'appelle « des espaces symboliques d'identité ».
Ces espaces doivent permettre la détection rapide et la prévision des crises, la création de nouveaux acteurs, afin d'élargir les relais d'alerte, et ainsi augmenter la circulation de la parole, autrement inaudible, de ceux qui souffrent.
Comment créer cet espace public partagé ?
D'abord en reformant les élites dirigeantes, si souvent ignares de la complexité et à la fragilité de la gestion des humains, et dont la formation par les « grandes écoles » est une véritable honte, tellement elle est, dans ce domaine, inexistante ou pauvre.
Ensuite en prenant en compte le poids historique encore si présent de la culture sociale d'Ancien Régime, où le subordonné, à l'instar du vassal, peut crever en paix aussi longtemps que le chef conserve ses privilèges et a toujours raison, malgré et envers tout.
La grandeur du pouvoir politique et du management dans la crise actuelle, serait de repenser et encourager ces espaces publics partagés, indispensables outils de communication et de vigie démocratique ne pas laisser la voie ouverte au désespoir et au populisme.
Alexis de Tocqueville l'avait déjà dit, il y presque deux siècles, mais en France on n'aime pas Tocqueville….