NDLR : Les 4 abattoirs en IDF pratiquent l'égorgement essentiellement. La pratique s'étend dans les autres abattoirs en France. L'égorgement entraine un risque de contamination d'e coli, notamment par les morceaux servant à la réalisation des steaks hachés. De plus, il n'y a pas d'insensibilisation de la bête. C'est donc une mort lente et extremement douloureuse ! Ne pouvons-nous pas arriver à concilier le rite, la protection de la santé humaine et l'insensibilisation des animaux ?
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Source : Maxisciences, le 22 fev 2012
Depuis quelques jours, le débat sur l'abattage des bêtes fait rage en France. Mais si certains propos ont été éclaircis, des questions demeurent quant à la réalité de la situation et aux risques de l'abattage rituel. Jean-Pierre Kieffer, vétérinaire et Président de l’Œuvre d’Assistance aux Bêtes d’Abattoirs (OABA) a accepté de répondre aux questions de Maxisciences pour faire le point sur le sujet.
L'abattage rituel fait polémique depuis la diffusion, jeudi dernier, d'un reportage Enquête Spéciale intitulé "La viande dans tous ses états", qui s'intéressait aux conditions d'abattage en France. Celui-ci a révélé que 100% de l’abattage en Ile-de-France est pratiqué de cette façon sans que les consommateurs en soient informés. "En effet, il y a 4 abattoirs en Ile de France et tous ces établissements suivent cette méthode", explique Jean-Pierre Kieffer, vétérinaire et Président de l’Œuvre d’Assistance aux Bêtes d’Abattoirs (OABA). Un constat qui a également été confirmé par le ministère de l’Agriculture mais qui n'implique pas pour autant que la viande que nous consommons soit 100% halal.
S'il n'existe aucune différence de goût et de qualité de viande qu'elle provienne d'un abattage conventionnel ou rituel, les deux méthodes sont très différentes. Jean-Pierre Kieffer explique : "selon les préceptes religieux musulmans, l’animal doit être abattu par un pratiquant, sa mort ne doit surtout pas être vue des autres animaux de l’abattoir, la tête de l’animal doit ensuite être dirigée vers la Mosquée (à l’est en France), une prière doit être récitée et l’animal doit être conscient jusqu’à ce qu’on le découpe".
Pratiqué par les communautés musulmanes et juives, cet abattage rituel ne cesse de progresser en France. Une proposition de loi datant de novembre 2010, rejetée, indique même "qu'entre 1/3 et 2/3 de la viande consommée, est issue de la filière certifiée d’abattage rituel, tandis que le nombre des consommateurs potentiels représente tout au plus 1/10e de la population française" (environ 7 millions de personnes). Alors pourquoi tant de viande halal se retrouve t-elle dans la distribution globale ?
"Il faut savoir que les musulmans ne mangent pas tout de l’animal. Ils ne mangent pas l’arrière de l’animal, ils mangent 50% des carcasses et 100% des abats. Pour éviter le gâchis, la moitié de la viande restante part donc dans la distribution globale. Par ailleurs, vu que la viande halal ne présente aucune différence de qualité et de goût avec la viande traditionnelle, les abattoirs ont trouvé moins compliqué le fait de pratiquer directement l’abattage rituel pour le respect des préceptes religieux".
L'agonie des animaux dénoncée
Toutefois, si la technique n'amène pas ce genre de différences, elle soulève tout de même des questions, voire pose problème, notamment quant à la souffrance des animaux. "Alors que la mort survient presque immédiatement lors d’un abattage conventionnel, rendu indolore par sa rapidité, l’abattage rituel entraine une mort lente, entre 2 et 14 minutes, et douloureuse, 10 sur l’échelle de la souffrance de 1 à 10", explique Jean-Pierre Kieffer.
Pourtant, l’étourdissement des animaux "qui ne veut pas dire mort mais insensibilisation", souligne le vétérinaire, a été rendu obligatoire par décret le 16 avril 1964 suite à l'action de Jacqueline Gilardoni, Présidente fondatrice de l’Œuvre d’Assistance aux Bêtes d’Abattoirs (OABA). Mais l’abattage rituel a, lui, échappé à cette obligation en bénéficiant d’une dérogation pour le respect des préceptes religieux.
"Le risque zéro n’est plus garanti"
Mis à part la souffrance animale, l’abattage rituel pose également d'autres questions, cette fois-ci d'ordre sanitaire. Avec cette méthode, "la tête est entièrement coupée, divers tissus vitaux sont sectionnés dont la peau, les muscles, la trachée, l’œsophage, les artères carotides, ainsi que les veines jugulaires alors que lors d’un abattage conventionnel, deux incisions sont faites sur chaque côté du cou", explique le vétérinaire. Une technique très différente qui implique des risques sanitaires plus importants.
"Le problème est que dans l’abattage rituel, l’œsophage est ouvert et le contenu de l’estomac peut donc se déverser par cette ouverture. La viande présente alors un risque de contamination par des germes bactériens comme la bactérie intestinale des mammifères, l’Escherichia coli", ajoute le président de l'OABA. La viande halal pourrait également être contaminée par la régurgitation et l'effondrement des défenses immunitaires de l'animal au moment de l'égorgement. Les steaks hachés peuvent dès lors être contaminés mais le risque reste faible, selon Jean-Pierre Kieffer. Si une telle contamination se produit, elle s'avèrerait néanmoins dramatique et pourrait même entrainer la mort.
Un étiquetage qui fait défaut
Dans ces circonstances, la possibilité pour les consommateurs de ne pas savoir quelle viande se trouve dans leurs assiettes, si elle provient d’un animal abattu selon la méthode rituelle ou si elle provient d’un abattage conventionnel, pose donc évidemment problème. Car si l'on peut voir des rayons halal dans les supermarchés, pour la viande, rien n'oblige les opérateurs à indiquer les conditions d'abattage des bêtes.
Comme l'ont déjà souligné de nombreux spécialistes, la solution serait donc l'étiquetage systématique de cette viande, à l'instar du numéro qui doit désormais figurer sur les œufs pour savoir s’ils sont élevés en batteries ou en plein air. "Cette étiquette arrangerait tout le monde et éviterait toute tentative de déformation politique de la provenance de la viande française", conclut Jean-Pierre Kieffer.
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