Source : Le Canard enchainé du me 24 nov 2010
Complément d'informations :
De l’énergie pour les actionnaires
Le projet de loi Nome (nouvelle organisation du marché de l’énergie), vise à forcer le passage du secteur privé vers le contrôle de la distribution de l’électricité, en réduisant la part des prix réglementés au nom du sacro-saint principe de « la concurrence libre et non faussée ».
Parmi les conséquences attendues : une forte hausse des prix fixés par l’État qui les rapprochera des prix du marché et permettra aux opérateurs privés de conquérir des profits faramineux.
Plus rien ne doit échapper au marché, tout ce qui peut rapporter gros aux actionnaires doit être soustrait à la société, voilà crûment exprimée la philosophie des théoriciens de l’ultralibéralisme. Les adeptes de la révolution conservatrice, en pointe dans les années Bush aux États-Unis, tiennent toujours le haut du pavé, rue du Faubourg-Saint-Honoré.
Une implacable logique entraîne le gouvernement Sarkozy-Fillon à en faire toujours davantage pour démolir pierre par pierre le modèle économique et social de la France. Des compromis scellés au terme des luttes ouvrières et dans les combats de la Résistance sont aujourd’hui remis en question systématiquement par la droite au pouvoir.
« En finir avec 1945 », écrivait Denis Kessler, célèbre figure du patronat financier, peu après l’élection de Nicolas Sarkozy.
La réalisation de sa requête s’écrit sous nos yeux au fil des mesures prises ou annoncées contre les retraites, de la réduction des emplois dans les services publics au gel des dépenses publiques, à la déréglementation et aux privatisations engagées dans les sociétés nationales.
La libéralisation de la distribution de l’électricité ne profitera pas aux citoyens. Et jusqu’à aujourd’hui ils ne s’y sont pas trompés, restant pour la quasi-totalité d’entre eux fidèles au prix réglementé.
Les Français n’ont pas prêté foi aux offres alléchantes et trompeuses des
marchands d’énergie déréglementée. Au passage, le projet de loi ouvre au secteur privé la possibilité d’engranger à peu de frais de juteux profits sur la production nucléaire.
Cette mise aux normes du pays aux appétits du marché n’est pas qu’une affaire française, objectent les dirigeants français, qui renvoient la balle aux institutions européennes, dont ils ne feraient que transposer les oukases. C’est une manière de brouiller les cartes.
Car s’il est vrai que la libéralisation et l’ouverture à la concurrence dans le domaine énergétique, postal ou ferroviaire découlent des directives européennes, qui en a décidé ? Qui siège autour de la table des Conseils des ministres de l’UE et du Conseil européen ?
Ce sont les mêmes, à Bruxelles et à Paris. Jeu de rôle ou schizophrénie ?
Or c’est bel et bien la majorité parlementaire qui a avalisé la privatisation de GDF par la fusion avec Suez, qui a ouvert le capital d’EDF, ce sont bien les députés sarkozystes qui ont changé le statut de La Poste, en dépit de l’hostilité manifeste de l’opinion publique exprimée lors d’une votation citoyenne. Ainsi, lorsque le gouvernement feint de ne pas entendre la
Commission européenne qui réclame la transformation de la SNCF en société anonyme, tout cela ressemble à un jeu de dupes. La bataille pour la défense du caractère de service public de la production et de la distribution de l’énergie et pour la pérennité des services publics participe de la riposte générale contre l’offensive ultralibérale qui secoue actuellement la France et l’Europe.
Source : L’édito de Jean-Paul Piérot dans l’Humanité du 9 juin 2010
Linky, compteur pas si économe
Nouvelle polémique autour du futur compteur d’électricité, testé par ErDF.
Présenté comme « intelligent » et « économe », le nouveau compteur d’électricité, baptisé Linky, qui doit être installé en France à partir de 2012, fait l’objet de nouvelles critiques. Déjà fustigé, entre autres, pour son coût exorbitant (entre 4,2 et 8,4 milliards d’euros, soit 120 à 240 euros par usager sur dix ans !), ce petit boîtier s’avérerait potentiellement plus économe… en emplois qu’en énergie.
C’est une note confidentielle de l’Agence de l’environnement et de maîtrise de l’énergie, révélée par l’AFP, qui l’indique : inutile d’attendre du compteur des économies d’électricité si les ménages ne sont pas informés de leur consommation. Or, justement, Linky ne dispose pas, pour l’heure, d’un « affichage pédagogique en temps réel ».
Ce système, jugé trop coûteux à installer d’emblée, ne sera proposé que dans un second temps par les fournisseurs d’électricité (EDF, GDF Suez, Poweo, etc.), et ce, bien sûr, via un service payant !
Pour l’UFC-Que Choisir, cette étude constitue une nouvelle preuve que « Linky n’a pas été conçu pour réaliser des économies d’énergie, mais est simplement présenté comme tel pour être mieux vendu aux consommateurs ». Linky « est surtout très utile à EDF », ajoute Caroline Keller, de l’UFC. La filiale d’EDF pourra en effet effectuer les relevés de ses compteurs – voire les couper – à distance, économisant ainsi sur le coût de déplacement de ses techniciens, voire sur les emplois de ces derniers...
Autant d’éléments qui ont conduit les élus de la Fédération nationale des collectivités
concédantes et régies (FNCCR) à réclamer des modifications dudit compteur. Outre ce
manque d’informations, Linky serait coupable, selon eux, de « dysfonctionnements au niveaudu réglage du disjoncteur », pouvant « provoquer des coupures à répétition ».
Alexandre Fache
Source : Article de l’Humanité du 12 novembre 2010.
230 € par abonné EDF
L' arrivée des nouveaux compteurs va coûter cher aux Français. Très cher si le déploiement du système se monte au total à 8 ou 9 milliards comme le prétend la FNCCR (Fédération nationale des collectivités Concédantes et Régies) qui concède à ERDF l'exploitation et le développement du réseau de distribution électrique.
Traduisez le Tarif d'Utilisation des Réseaux Publics d'Electricité qui représente à lui seul environ 45 % de la facture de l'usager.
Crée à l'origine pour financer la rénovation du réseau, le TURPE, reversé à ERDF, va donc en fait servir en partie à payer le changement de compteurs.
Source : L’article d’Aujoud’hui le Parisien du 8 juin 2010